dimanche 17 mai 2009

Réflexion sur le sens de l'ultra.

A la demande du comité de rédaction de la revue "vues d'ensemble" de l'Université Catholique de Lille dont le prochain numéro porte sur "l'Aventure", il m'a été demandé d'écrire quelques lignes sur mon engagement dans les efforts du type ultra.

Le cyclisme ultra-distance, une aventure sportive et personnelle.
Le cyclisme ultra distance est une pratique sportive peu connue qui se situe entre le cyclotourisme de grande randonnée et le cyclisme de compétition traditionnel. Il s’agit de couvrir de très longues distances, sans l’aide d’autres concurrents. Les relais entre concurrents sont interdits. Les parcours empruntés sont le plus souvent montagneux et ouverts à la circulation. Les participants sont aidés d’un road-book pour effectuer le parcours qui n’est pas fléché. Le coureur doit passer par des points de contrôles obligatoires. Il gère lui-même ces temps de repos. Le nombre de partants est limité, pas plus de cinquante. Les épreuves ont des durées supérieures à 20h00 (épreuve de 600kms), voire plusieurs jours pour les plus longues (plus de 4000kms). Pour donner une idée un peu plus précise, en France deux épreuves de ce type sont organisées, le Raid Provence et le Raid Vosgien. Toutes les deux sur une distance de 600kms pour plus de 10 000m de dénivelé. Au niveau difficulté cela représente l’équivalent de l’enchaînement de trois étapes de montagne du tour de France

L’esprit du cyclisme ultra s’apparente à celui de l’alpinisme et des transats en solitaire. A savoir que ce qui importe en premier c’est d’aller au bout du défi personnel posé.

Mais qu’est ce qui pousse à s’engager dans de telles épreuves ? Quel en est le sens ? En quoi s’enrichit-on en tant qu’être humain à s’engager dans cette aventure ? Qu’est ce qui amène à parcourir de très longues distances pendant 24h00 et plus sans dormir ? Ces questions je me les pose encore aujourd’hui, même si j’avance quant aux réponses, en voici quelques unes.

1er . Répondre à un défi personnel qui s’enracine dans mon histoire de vie. Ce n’est pas par hasard que j’investis à plus de cinquante ans mon temps libre dans cette activité. Il y a une manière d’être, d’exister par cette pratique. Les raisons profondes sont liées à mon enfance et à mon adolescence où le sport s’est révélé être un moyen d’expression, de valorisation et de dynamique de vie.

2ème . L’effort d’endurance prédispose au bien être physique. Paradoxalement, je me sens bien et même très bien dans ce type d’effort. Cette sensation est partagée par la majorité des participants. Cela ne signifie pas que je ne rencontre pas des moments difficiles. Gravir un énième col après 500kms, n’est pas toujours une sinécure. Mais se confronter à cette difficulté m’amène à être en situation de lâcher prise, à accepter la situation, à faire avec et gravir la pente avec les ressources dont je dispose. C’est à chaque fois un chemin vers l’humilité.

3ème . Ce genre d’effort nécessite d’être en lâcher prise, d’être en présence à l’ici et maintenant, ce qui permet d’être à la fois relâché et centré sur l’intérieur et sur l’extérieur. Cela signifie une dilatation de la conscience de soi, et au-delà, de la conscience au monde, voire de l’univers. Rouler la nuit participe à développer ces sensations. A chaque fois c’est une nouvelle découverte de soi. Pour avoir fait un peu d’alpinisme, je retrouve là les sensations éprouvées lorsque j’arrive au sommet. Il y a comme un lien qui se crée entre la terre, le sujet et l’univers.
Cette dilatation de la conscience dans le temps de l’effort se rapproche de l’état méditatif. C’est pour moi ma manière d’être à la spiritualité.

4 commentaires:

  1. Salut Raymond ,
    sur ce que tu dis là ,il n'y a rien à rajouter !
    L'humilité de chacun de nous pousse à faire des choses insoupçonnées et c'est là le but de l'ultra ,aller au delà de soi sur le plan physique et moral .
    Tu l'as très bien résumé et je crois que de cette façon on peut nous comprendre !

    Merci à toi !

    Amitiés ,
    Aurélien

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  2. Merci de ce retour Aurélien. Ce n'est pas toujours de mettre en quelques lignes des idées et des ensations qui peuvent être complexes.

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  3. Merci pour ces pistes de réflexion Raymond, pas facile en effet de comprendre et d'expliquer "pourquoi".
    Perry Stone a dit, si j'ai bonne mémoire, que lui demander "pourquoi" équivaut à lui demander pourquoi il respire...
    Ce que tu nous dis de ton expérience est très intéressant.
    Juillet approche! Bonne continuation...

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  4. Bonjour Sophie..en passant c'est toujours avec plaisir que je lis tes expériences..quelle plume !
    Dans moins de 10 jours je serai pas loin de chez toi. je fais le RPE..j'ai ha^te d'y être et de me retrouver ds le Verdon. Qu'est que j'apprécie d'en faire le tour..même si c'est pour une partie ds la nuit.

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